Ai-je besoin d'autant... ?

« Pour certaines personnes,
les kilos en trop ont
un rôle protecteur. »

Cirage

Il y a des invitations
à dîner qui
me donnent envie de
cirer mes chaussures.

La vision des choses de jeunes adultes d'une vingtaine d'années dans un fastfood où ma glace fut blanche alors que je la voulais au chocolat noir.

La vie, c'est travailler,
gagner du fric.
Le dépenser,
à nouveau en gagner
pour encore le dépenser.

Ce n'est pas pour cuisiner

Je vais m'acheter
un sac de petits pois surgelés.
Je cherche le moins cher.

Ce qui a étonné,
c'est quand,
j'ai donné comme explication,
c'est pour mon pied.

Immortalité ?

Durant une émission radio,
l'artiste (dont je ne me souviens plus le nom)
expliquait son besoin de
laisser une œuvre à la postérité.
Ma réaction immédiate fut de penser,
mais pour quoi faire ?

C'est vrai, je comprends mal
ce besoin si fort chez certains.
À quoi peut nous servir, de notre vivant,
de laisser une trace à la postérité,
à des personnes que nous ne connaîtrons pas,
si ce n'est combler notre égo ?

Je crois fortement qu'une fois mort
nous ne continuons d'exister que
dans le cœur de ceux qui nous aiment.
Ne peuvent être retenus, par nos proches,
que l'amour, l'amitié
que nous leur portons,
ou des émotions contraires,
les actes qui les ont marqués.
Ce qui fait qu'ils continueront à
penser à nous pendant longtemps.

Même pour un artiste,
seul son personnage public
demeure après sa mort.
Sa vie privée n'est que peu accessible.
Marquer la postérité nourrirait-il ce rêve d'immortalité ?

Un grand moment d'aventure

J'ai fait dix minutes de scooter,
dans Paris en agrippant de toutes mes forces
mon pilote de peur de jenesaikoi en fait.
Dire que certains paient
pour pouvoir ressentir des émotions fortes.

Bon d'accord, je ne sais pas m'orienter mais...

le GPS, lui, ne fonctionne que
quand je n'en ai pas besoin !

On m'arrête tout

Comme beaucoup le savent,
j'adore certaines séries américaines.

Déjà, Urgences est finie.
Ce matin, je viens d'apprendre que
Desperate Housewives va mourir
après sa huitième saison.

Ha ces livreurs !

Je commande sur le net,
tout ce qu'il me faut pour mes bestioles.
Un jour, ne voyant pas un colis arriver,
je contacte mon fournisseur.
Il m'a fait à nouveau livrer le colis.
Ne me trouvant pas à la maison,
le livreur m'avait laissé
un message sur mon répondeur.
Il m'indiquait qu'il avait laissé
le paquet chez la personne qui
habitait en face de la porte de l'ascenseur.
Dans mon immeuble, il n'y a pas d'ascenseur.

Je me commande une clé USB. Je devais la recevoir mardi matin.
Vers 10h30, le téléphone sonne.
La société de livraison voulait
le code de ma porte d'immeuble,
le livreur n'avait pas pu entrer à cause de cela.
Il n'y a pas de code pour entrer dans mon immeuble.
J'explique tout ça à la charmante personne au bout du fil.
Je lui demande si je peux être livrée mercredi matin,
qu'il suffisait de sonne à mon interphone.
Hier matin, pas de livreur ! J'avais encore un message pour
savoir quel était mon code porte.

Quand même

Aujourd'hui, j'ai 17084 jours.

La vie est pourtant faite que de changements.

Ma journée commence très tôt
par une rage dents qui me rappelle
des souvenirs vieux de trente ans.

Dans la soirée, une de mes nièces
m'invite à son mariage en juin prochain.
Je n'ai pas pu m'empêcher de me dire que
ma mère serait ravie par cette nouvelle.
Pourquoi penser cela, ma nièce la à peine
connue ?

Ce soir, j'annonçais la nouvelle
à une autre de mes nièces.
Je lui disais aussi mon étonnement
au sujet de ces jeunes qui se marient,
s'installent... Moi qui aurais tant rêvé à leur âge
de voyages... Ma nièce n'annonce qu'elle,
elle ne se marie pas, elle ne voyage pas,
elle fait un bébé. Pour cette nouvelle aussi,
j'ai pensé à la fierté que ma mère aurait pu ressentir.

Du sens

Ce qui m'a toujours le plus heurtée,
le plus meurtrie, le plus blessée,
c'est quand je n'arrive pas
à donner du sens à ce que je vis.


Tout n'a pas de sens.
Tout n'est pas compréhensible.

Du lard ?

Sur le quai du métro,
une seule affiche représentait une œuvre d'art.
Il s'agissait d'une publicité
concernant le musée des impressionnistes
à Giverny.

C'est la seule qui ce jour-là
a été taguée.
Faut-il en déduire que ce (ux), ou
celle (s) qui a fait cela n'aime pas l'art ?
N'aime pas les impressionnistes ?
Est-ce une pure coïncidence ?
Ou bien les pubs, à côté, sur des jeux vidéo,
sont plus importantes que l'art ?

Un bruit de chantier

On me met une charlotte jetable sur la tête,
on m'enfile des surchaussures jetables,
on m'aide à enfiler une tunique jetable aussi.

Je passe dans un bloc.
Mon dentiste commence,
il m'a déjà fait les anesthésies nécessaires.

Un foret attaque l'os,
le bruit est désagréable,
mes sensations sont étranges.

La reconstruction est en route.

L'ennui

Ce sujet m'a été soufflé
par une émission de radio
écoutée en dilettante.
J'ai commencé à réfléchir sur
non pas les sujets possibles de mon ennui,
mais sur les circonstances
qui sont susceptibles de générer mon ennui.

La principale circonstance est quand
je me retrouve cernée d'inconnus,
dans un groupe.
Je suis peu sociable, semble-t-il.
Si je n'arrive pas à découvrir un sujet de discussion,
un intérêt quelconque qui permettra un échange,
l'ennui, lui arrive à grands pas.
Une fois passée ma phase d'observation,
il s'installe.

Il y a des matins où je ne devrais pas écouter la radio.

Je me lève après
avoir dormi huit heures.

Il me semblait être en pleine forme,
ce n'était pas sans compter
ce que j'allais entendre à la radio.

Comme tous ceux nés après
le 1er juillet 1951, je vais devoir
travailler plus longtemps.

Je me suis sentie fatiguée.

Le syndrome du poisson pris à l'hameçon

Une ancienne copine a repris
contact avec moi, je ne sais pour quelle raison.
Par curiosité, je suis rentrée dans son jeu
pour voir où cela pouvait bien me mener.

Nulle part, je n'obtenais rien, aucune révélation,
des échanges sur l'échange ;
ensuite passerons-nous à la météo ?
Nous verrons !

Je me mis à réfléchir sur nos échanges épistolaires.
J'avais l'impression vivace d'être un poisson ferré.
La curiosité a été l’appât.
Une fois, l’hameçon avalé,
le pêcheur a commencé son travail :
je te remonte à la surface,
je te laisse du fil...

Je risque casser le fil !

Des enfants

Un agent a eu une réaction très infantile
suite à une de mes décisions.
Il a même fallu que j'en avise ma hiérarchie.
Mon manager actuel m'a fait la même remarque
que le précédent à savoir : « Cunégonde, ce sont des enfants. »

Soit, ils sont des enfants,
ou est-ce juste une vue de l'esprit
qui faciliterait la prise de décision ?
Cela voudrait-il dire que ceux qui
décident sont les adultes et
ceux qui exécutent sont les enfants ?
Est-ce que le système les infantilise ?
Pourquoi, alors, certains le sont, et d'autres non ?

Cette réflexion a fait naître chez moi
une multitude de questions
dont certaines demeurent sans réponses.

Si, ça m'appartient

Cela m’étonne cette facilité avec laquelle
je m’approprie les choses, les gens.

Dans MON nouveau bureau,
MES agents sont eux aussi nouveaux.

MON agrafeuse qui en réalité
appartient à mon entreprise,
Je la réclame dès qu’elle disparait.

Je me demande, c'est dû,
au besoin que j'ai de m'investir.

Même pas mal !

Je ne voulais rien voir,
rien savoir, et rien entendre.

Il commence par les anesthésies.
Il attend un moment.

Je le vois attraper quelque chose.
Je n'ai pas mes lunettes,
mais je ferme les yeux pour
être certaine de ne pas pouvoir voir.

Mes sensations sont étranges,
je sens ses gestes,
mais je ne ressens rien.

Arrive un « tout s'est bien passé. »
Je repars avec une ordonnance
et une poche de glace sur la joue.

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