Les ptites banalités de Cunégonde

Dans mon nouveau travail,
il m'arrive d'être obligée de
me promener d'une entité à une autre.
C'est une tâche que j'apprécie à sa juste valeur.

Sur un de mes trajets professionnels,
à un carrefour, un christ trône sur sa croix.
La première fois que je l'ai vu,
j'ai trouvé sa présence à cet endroit
assez incongru.

Ce jour-là, je rentrais,
j'entendais un chant amplifié par un micro,
j'étais très intriguée.

D'autant plus que quelques mètres avant,
dans cette zone industrielle,
au milieu de nulle part,
une jeune fille changeait ses converses roses
pour des chaussures à talon.

J'arrivais à hauteur de la chanteuse.
Elle dansait, aussi, face à ce christ.
Deux jeunes en scooter
la contemplaient, un la filmait
avec son smartphone.

Elle est présente dans
beaucoup de voitures du métro.
Elle montre un homme,
d'une trentaine d'années,
les bras pliés derrière la tête.
Les yeux mi-clos, il semble réfléchir.

Il porte des lunettes de bonne facture,
une jolie chemise, une cravate assortie à celle-ci.
Devant lui sont posés, un ordinateur portable,
et un mug sur lequel le mon de la marque est visible.
En arrière-plan, nous pouvons voir le Sacré Cœur.
Il est flouté certainement
pour accroître l'impression de réalisme.

Je m'interroge sur le message
que cette pub renvoie.
Est-il le suivant?
Une femme est bonne
pour aller dans les supermarchés,
habillée de façon très décontractée
(pour ne pas dire autre chose),
et à faire les courses en poussant un chariot, elle !

Nous parlions de nos appartements successifs,
et de la vue de nos différentes fenêtres.

Une s'écrit : de la fenêtre de ma pièce principale,
je vois la Tour Eiffel.

Je me suis souvenue que
quinze ans plus tôt
j'avais appelé ma petite nièce
pour lui demander si elle savait
ce que je voyais de la fenêtre de ma chambre.

Maintenant encore j'aime
au détour d'une rue, l'apercevoir.

Je me décide à aller voir ce musée
dont une pub m'attira un jour.
À l'entrée, le gardien que je n'avais pas vu
m'a fait sursauter quand il me demanda
de regarder l'intérieur de mon sac à dos.

J'achète mon billet d'entrée,
je monte, et je me rends compte
que ce qui constitue la décoration,
et les œuvres accrochées aux murs
ont très peu de chance de me plaire.

En effet, j'apprécie peu de tableaux.
Par contre, le bâtiment,
les volumes des pièces,
l'escalier m'intéressent.
J'affectionne aussi la façon dont
il faut découvrir certains dessins.