Les ptites banalités de Cunégonde

Une prime à laquelle
je ne m’attendais plus.
Un bel air de jazz dans ma rame de métro.
Le coup de fil d’une amie.

Je prends le bus 95.
J’entends de la musique.
Un homme écoute de la musique sans casque.
Plus tard, dans la journée,
je monte dans le bus 62.
Je m’assois le type à côté de moi,
écoute du rap sans casque.
Je change de place,
quand la place à côté de moi se libère,
il vient s’y mettre.
J’ai tenté de lui expliquer qu’il existait des casques,
pour ne pas emmerder tout le monde.
Il a oublié le sien.
Mais il a envie d’écouter de la musique.
Je lui montre que son comportement gêner
toutes les personnes autour de lui.
Rien à faire.
Quand il m’a répondu c’est la vie.
Je suis descendue parce que
je ne voulais plus partager
une seule seconde de la vie de ce malotru.
Je ne suis pas sûre d’avoir bien agi en sortant du bus.
Est-ce que j’aurai dû prévenir le chauffeur
qu’un énergumène embêtait tout le fond du bus ?
Est-ce que les chauffeurs peuvent y faire
quelque chose ?

À chaque marché, je vais voir
le même marchand de primeurs.
À chaque marché, il m’offre du persil.
Je n’en consomme presque pas.
une fois, j’ai refusé,
cela l’a vexé.
Quand je rentre,
je coupe les tiges,
et je mets mon bouquet de persil dans l’eau.
ainsi à chaque marché, j’ai mon bouquet.

Il y a un an et demi
quand je me suis cassée
le petit orteil droit,
j’avais découvert l’utilité
des livraisons à domicile.

Cette fois-ci, il s’agit de faire
du tourisme grâce aux bus de la RATP
Comme je dois marcher le moins possible,
j’étudie des trajets sympas en bus.
Il faut dire que là, j’ai le temps.

Nous étions une cinquantaine.
C’était bon enfant.
J’avais amené ce que j’étais capable de cuisiner,
à savoir des canettes de coca et des abricots.

Un jeune enfant vient vers moi.
Il me tend les bras,
je le prends, son comportement m’intriguait.
Il est handicapé
Plusieurs fois, il est venu vers moi.
Je me suis fait un copain.
Son père était content qu’il aille vers quelqu’un.
Les autres enfants ne jouaient pas avec lui.
Monde cruel de l’enfance.

Je n’avais jamais vu
depuis trois ans la place de Porte de La Chapelle
sans papiers, sans cannettes de bière,
sans bouteilles d’alcool, sans préservatifs usagés,
sans clodos, sans mendiants devant le Franprix.

Anne Hidalgo venait parler,
un pupitre était installé,
la place était lavée.

Cela m’a fait pensé à ce que l’on nous racontait
en cours d’histoire quand le Tsar visitait la Russie.
Les villages devenaient propres et beaux.

Comment peut-elle voir la ville
dont elle est maire si on lui nettoie
avant chaque déplacement ?

En prenant la ligne 8
Je me retrouve confrontée
à une population
que je ne côtoie pas d’habitude.
Lundi, j’étais assise à côté d’une bonne sœur,
ce matin, à côté d’un officier de l’armée de terre.

Ils descendent un à un
l’escalier. Ils remonteront
à plusieurs par l’ascenseur.

Il ne fonctionne bien, le réseau téléphonique,
qu’en ville, et pas n’importe lesquelles,
les préfectures, la capitale et sa banlieue.

Mon contact au service logement de ma boîte
s’est conduit comme une malitorne, hier.
Elle m’a troublé en plein travail,
cela ne lui ressemble pas.

Je lui ai pardonné,
elle me proposait un appartement
que je ne saurais refuser.
Comme nous sommes plusieurs sur le coup,
j’espère que je l’aurais.


Ma participation aux Obsolètes à prise rapide