Les ptites banalités de Cunégonde

Je n’avais jamais vu
depuis trois ans la place de Porte de La Chapelle
sans papiers, sans cannettes de bière,
sans bouteilles d’alcool, sans préservatifs usagés,
sans clodos, sans mendiants devant le Franprix.

Anne Hidalgo venait parler,
un pupitre était installé,
la place était lavée.

Cela m’a fait pensé à ce que l’on nous racontait
en cours d’histoire quand le Tsar visitait la Russie.
Les villages devenaient propres et beaux.

Comment peut-elle voir la ville
dont elle est maire si on lui nettoie
avant chaque déplacement ?

Il n’arrêtait pas de répéter,
« il faut une bonne guerre pour tuer
des humains, moi ça me fera marrer.
C’est que des humains qui seront tués. »
Est-ce que cela veut dire
qu’il ne se considère plus
comme humain ?

Dans cette machine, tous les cocas
valent deux euros.
Je mets ma pièce dans le rond prévu,
je soulève la languette métallique
pour que la machine avale ma pièce.
J’appuie sur les touches 6 et 8,
pour avoir un coca zéro.
Raté, c’est un vrai coca qui descend.
J’entends un bruit de monnaie qui tombe.
La machine m’a rendu 0€70.
A t-elle compris qu’elle avait commis une erreur ?

« Laissez les enfants grandir
Avant qu´ils nous ressemblent. »

Certes mais sommes-nous tout le temps adulte ?

Ma participation aux chansons à prise rapide
Ce mois-ci Anne Sylvestre

Je m’achète indifféremment des fringues de femme ou d’homme.
Il se trouve que je viens d’acquérir une doudoune de femme.
La fermeture Éclair s’ouvre à gauche.
Pour mes autres doudounes, elle s’ouvre à droite.
Pour tous mes jeans, elles s’ouvrent à droite.
J’ai deux bermudas de fille, elles s’ouvrent à gauche.
Pourquoi une telle différence ?

Pour le boulot, je me suis rendu
dans le commissariat où j’avais rendez-vous
pour porter plainte.

C’est la deuxième fois que je vais dans ce lieu exigu,
sombre, encombré, aux affiches mal collées sur les portes des placards
de façon à ce que le public ne puisse pas les lire.

Ma plainte n’a pas pu être prise, car elle n’a pas pu être qualifiée.
J’étais très étonnée.

Hier soir en zappant, je tombe sur la série policière de TF1.
J’étais tout aussi étonnée en voyant
les locaux de ce commissariat fictif.
Bureaux spacieux, cloisons en verre,
informatique dernier cri.

Pourquoi la réalité ne reflète-t-elle pas la fonction ?

J’écoutais ce matin un reportage
sur la maltraitance des enfants.
Ce tabou était en partie expliqué
parce que la famille est considérée
comme un espace protecteur.

Pourquoi ne voit-on pas la famille
comme un espace opressant ?

Mes nouvelles lunettes ont des verre
qui ne sont plus incassables,
et des montures en titan.

Les verres ne sont pas garantis,
les montures si.

Je m’interroge sur la précarité de l’amitié.