Même elle peut faire une dépression

Je l'ai récupéré dans un magasin de bricolage,
là aussi on peut en trouver.
Je ne sais pas ce que c'est.
Sa forme m'attira.

Je l'ai ramené chez moi.
Je l'ai placé en bonne place,
de façon à ce que je la voie souvent,
et afin qu'elle soit suffisamment à la lumière.

Je m’aperçus qu'elle avait un état d'âme.
Une de ses feuilles massives
se fanait, seul un problème existentiel
était capable de la laminer à ce point.

Samedi, je lui ai acheté un pot,
en terre bien sûr, il y a rien de mieux.
Je l'ai donc replanté.
Sauf que bien qu'ayant la main verte,
j'ai complètement loupé sa transplantation.

J'ai même dû la laver plusieurs fois,
ses piques ont malmené mes doigts.
Maintenant, même le pot est humide.
Pour la requinquer, je lui parle,
Je la caresse, mais je ne suis pas sûre
que ces soins sont adéquats.


maplante.jpg


S'il y a un docteur dans la salle.

Un grand moment d'aventure

J'ai fait dix minutes de scooter,
dans Paris en agrippant de toutes mes forces
mon pilote de peur de jenesaikoi en fait.
Dire que certains paient
pour pouvoir ressentir des émotions fortes.

Un couple

Depuis plusieurs minutes,
je regarde un couple qui s’engueule.

Puis, je passe à autre chose.
Mon regard de nouveau se pose
sur eux, ils continuent.

J'explique ce phénomène à la personne
qui est à mes côtés.
Elle me rappelle la dure réalité
que certaines personnes ne savent
communiquer que de cette façon.

On m'arrête tout

Comme beaucoup le savent,
j'adore certaines séries américaines.

Déjà, Urgences est finie.
Ce matin, je viens d'apprendre que
Desperate Housewives va mourir
après sa huitième saison.

La vie est pourtant faite que de changements.

Ma journée commence très tôt
par une rage dents qui me rappelle
des souvenirs vieux de trente ans.

Dans la soirée, une de mes nièces
m'invite à son mariage en juin prochain.
Je n'ai pas pu m'empêcher de me dire que
ma mère serait ravie par cette nouvelle.
Pourquoi penser cela, ma nièce la à peine
connue ?

Ce soir, j'annonçais la nouvelle
à une autre de mes nièces.
Je lui disais aussi mon étonnement
au sujet de ces jeunes qui se marient,
s'installent... Moi qui aurais tant rêvé à leur âge
de voyages... Ma nièce n'annonce qu'elle,
elle ne se marie pas, elle ne voyage pas,
elle fait un bébé. Pour cette nouvelle aussi,
j'ai pensé à la fierté que ma mère aurait pu ressentir.

Un bruit de chantier

On me met une charlotte jetable sur la tête,
on m'enfile des surchaussures jetables,
on m'aide à enfiler une tunique jetable aussi.

Je passe dans un bloc.
Mon dentiste commence,
il m'a déjà fait les anesthésies nécessaires.

Un foret attaque l'os,
le bruit est désagréable,
mes sensations sont étranges.

La reconstruction est en route.

Il y a des matins où je ne devrais pas écouter la radio.

Je me lève après
avoir dormi huit heures.

Il me semblait être en pleine forme,
ce n'était pas sans compter
ce que j'allais entendre à la radio.

Comme tous ceux nés après
le 1er juillet 1951, je vais devoir
travailler plus longtemps.

Je me suis sentie fatiguée.

Même pas mal !

Je ne voulais rien voir,
rien savoir, et rien entendre.

Il commence par les anesthésies.
Il attend un moment.

Je le vois attraper quelque chose.
Je n'ai pas mes lunettes,
mais je ferme les yeux pour
être certaine de ne pas pouvoir voir.

Mes sensations sont étranges,
je sens ses gestes,
mais je ne ressens rien.

Arrive un « tout s'est bien passé. »
Je repars avec une ordonnance
et une poche de glace sur la joue.

Une attaque

Un son lointain, juste un léger bourdonnement
laisse comprendre que dans un court instant,
le calme ne règnera plus.

Le bruit se fait des plus en plus intense.
Pourtant rien n'est visible.
Une sensation de mal-être naît.

La première escarmouche brève,
mais efficace a atteint son but.
Une stratégie fut mise en place.

Empêcher toute attaque,
Une arme de destruction massive
a été employée.

Plus aucun moustique ne piqua.

Il est donc possible...

Qu'une femme de ménage passe par une salope 1.

Pourquoi le bénéfice du doute va trop souvent
à l'homme qui est accusé de violence ?

1 Femme facile, femme de mauvaise vie.

Ma Mamie ne me donne pas les nouvelles que je veux entendre.

C'est ma voisine depuis environ quinze ans.
Aujourd'hui, c'est son anniversaire.
Elle a quatre-vingt-neuf ans.

Elle monte, et descend plus souvent
que moi nos trois étages.

Il y a un peu d'un mois,
elle a été malade. Elle a cru mourir.
Alors elle a écouté son fils.

Dans un an, elle déménagera.
Elle ira habiter dans une résidence pour sénior,
à côté d'où vit son fils.

Je n'ai pas aimé cela,
même si je sais que pour elle, c'est mieux.

Ma fausse concierge est partout !

Dans mon immeuble, comme dans beaucoup,
il y a une concierge casse-pied,
mais qui n'occupe pas cette fonction.
Je veux dire par là,
qu'elle se mêle de tout,
qu'elle veut tout savoir...
Mais qu'il ne s'agit pas de son métier.

Sa porte donne en face de la porte d'entrée.
Au bout du couloir, une coïncidence qui
lui permet de tenir ce rôle.
De plus par un sens du dévouement pour son prochain,
un œilleton a été placé de façon
à pouvoir y coller son œil,
des heures entières, en restant assis.

Cette personne échevelée
à la voix stridente connait trop nos allées et venues.
Nos boîtes aux lettres, à côté de sa porte,
sont elles aussi surveillées avec grand soin.
Elle peut nous dire avant que
nous ayons besoin d'ouvrir notre boîte,
si nous avons un avis de passage pour un colis, un recommandé...
Cela peut être très pratique !

Cette charmante personne, je ne lui parle plus,
depuis qu'elle m'a traitée de con,
soit ce jour-là, elle avait sans doute raison,
je ne suis pas tout le temps au top.
Mais elle aurait pu dire conne quand même !

Elle se considère comme la propriétaire
de l'immeuble. Elle met donc tout en œuvre
pour faire des économies.
Ainsi, elle éteint les lumières des parties communes.
Elle est la garante d'un certain savoir-vivre,
elle nous engueule quand elle croit que
nous avons jeté un papier par terre.

Des bruits courent aussi à son sujet:
elle fait des ménages, elle est pauvre...
C'est pour cela qu'elle est comme cela....
Peu m'en chaut, j'aspire juste au calme.

Hier, je me rends chez mon ophtalmologiste
quand, sur le trottoir, j'entends une voix.
Je m'arrête, je la vois avec deux enfants.
Ils ont leurs cartables sur le dos.
Je fais mine de ne pas la voir.
Je la double. Je rentre dans l'immeuble
de mon ophtalmologiste,
sa voix est derrière moi.

Même les vieux

Oui même eux, ceux qui font plus
de soixante-dix ans sont capables
d'être impolis, et en plus
de dire « les jeunes... »

Censure

La Hongrie censure sa presse.
En plus, ce pays prend la présidence de l'Europe, pour six mois.
Sa nouvelle loi sur la presse ne fait que violer les lois européennes.

La France, pour sa part, ne dit rien,
pour le moment j'espère.

Un tel silence pourrait-il signifier
que cela ne dérangerait pas notre gouvernement
de promulguer une loi similaire ?

Pouvoir

Je n'ai plus de pouvoir
chez moi.
La télécommande a disparu !

Toutes en jupe

Dire qu'il a fallu que je bataille contre
mon père pour ne pas avoir à mettre jupe, et robe.
Maintenant, il faut se battre pour pouvoir en porter.

Il faut combattre pour:
- nous habiller comme nous le désirons,
- vivre sans avoir à subir les coups machistes,
- aspirer à connaître l'égalité...

La perfifie du bol

Je range mon bol.
Comme d'habitude sur l'étagère
au dessus de l'évier, rien.

Je baisse la tête.
Un léger bruit, un choc sur mon crâne,
un atterrissage dans l'évier,
une bosse, un bol en moins.

Appel citoyen

Engagez-vous, signez la pétition.
Elle est là: http://nonalapolitiquedupilori.org/

Où est passé le FLNJ ?

Je suis allée quai de la Mégisserie.
Je suis tombée sur une scène d'une rare violence,
des nains de jardin enfermés dans une cage.

Je n'étais pas armée de mon appareil photo.
Je n'ai pas eu le réflexe de figer cette ignominie
avec mon téléphone portable pour
la jeter à la face du monde libre.

Que fait le Front de Libération des Nains de Jardin ?

Les changements de saison dans la journée me rendent triste.

Je me lève, il fait beau,
et chaud, il est 8h02.
RdeS est là, pour la journée. Je le vois si peu.
De ma faute, celle de notre éloignement,
c'est juste une constatation.
Cet homme, je l'aime juste
parce qu'il fait partie de ma vie.

0h35, son arrivée est retardée de 10 minutes.
Quelques secondes avant que son train entre en gare,
les lumières ont été allumées.
La pluie frappe contre les vitres.
Je le vois sur le quai,
sa démarche ne change pas.
Bien heureuse qu'il me serre dans ses bras
pour m'embrasser, c'est l'hiver qui nous cueille
à la sortie du métro, le plus proche de son hôtel.

Le temps de poser son sac, que la pluie se calme,
nous repartons vers chez moi.
RdeS n'a pas voulu assister au défilé,
Les légionnaires sont venus à nous en char,
place de Clichy. Nous entrons trempés dans le restaurant,
après nous être sustentés, nous faisons deux pas
pour nous retrouver dans le même état, mouillé.

RdeS n'avait jamais vu mes bestioles,
la météo se prêtait à cette visite.
Nous avons passé une grande partie de l'après-midi, au sec.
Vers 18h, l'été faisait une légère apparition.
Nous bougeons. RdeS aime les restos japonais de la rue Sainte-Anne.
Je l'amène par des chemins d'écoliers vers un que Yo m'a fait connaître.
Pour se faire, nous descendons du métro à Champs-Élysée- Clémenceau,
nous logeons la Seine. Des militaires qui rangent leurs bardas sont là, aussi.

C'est moi qui ai le plan, je suis le guide.
RdeS lui a le sens de l'orientation.
Si nous nous étions perdus,
il aurait pris la direction des évènements.
Sans difficulté, nous nous retrouvons assis,
devant nos « assiettes » copieusement servies.
Nous mangeons, échangeons peu.
Pour moi, le silence est lourd.
Nous nous baladons, un troquet nous permet
de nous poser avant de nous quitter. Au un croisement de ligne de métro,
nous nous laissons, chacun allant dans sa direction.
Une émotion que je n'aime pas m'envahit.

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