Rêve

J'ai rêvé que
je faisais mes courses.

J'achetais des fruits et des légumes.
Rien d'étonnant vu la quantité
que je mange.

Par contre, j'oubliais mon panier partout.
Des gens que je ne connaissais pas
me le ramenaient.

Je ne savais plus si
je devais prendre de carottes, des endives
ou autres choses.

Je n'étais plus moi.
J'ai vu le reflet de mon visage.
J'étais un homme.

Cela ne m'a pas plu.

Démesuré

Nous allons nous retrouver
avec des mesures supplémentaires
contre le terrorisme.

Comme si nous n'en avions pas assez. À moins qu'il ne s'agisse d'un aveu
de faiblesse, d'impuissance.

Le traitement politique de cette affaire
m'a laissé un goût nauséeux.

Tout est dans la tête

J'avais une prise de sang à faire.
Avant de commencer,
je devais rester assise un quart d'heure.

Je regardais autour de moi,
évidemment je n'avais rien pris pour
combler ce laps de temps,
disons que j'avais tout oublié.

De voir certaines personnes autour moi,
angoisser n'est pas pour me rassurer.
Pourtant, j'étais fière de moi.

Je n'avais pas encore peur,
comme j'ai une phobie du sang,
je m'étais renseignée, je n'avais pas besoin d'être à jeun.

Ce détail tend à me calmer d'habitude.
Mais là dans de telles conditions,
mon petit déjeuner était oublié.

Seule mon observation des gens
aurait dû être un rempart à mon stress.
Mais l'angoisse est contagieuse.

Je ne m'attendais pas à cette cohabition obligatoire.

J'allume mon poste pour
revoir le superbe film de Patric Jean:
la domination masculine.
Une fois le film fini,
J'éteins le poste.

Je reviens dans la pièce où
se trouve ma télé.
Une de mes bestioles ( je n'ai pas vu laquelle)
a appuyé sur la télécommande
et ne me dites pas que c'était intentionnel.

Le concert du nain était en direct
sur une chaine que je ne nommerai pas !

C'est discutable !

« Mieux vaut être dictateur que pédé »,
estime le président bélarusse

Aïe

Je mets mes chaussettes.
Je les porte celles-là depuis plusieurs années.
Je les aime bien.
Elles montent jusqu'au genou.
Elles sont grises à pois blancs.

Je mets mes chaussures.
Elles aussi, je les aime bien.
Elles sont marron, en cuir.

Plusieurs fois, j'ai mis ces chaussettes,
et ces chaussures ensemble.
Ce couple ne m'avait jamais donné d'insatisfaction.

Je ne sais pourquoi, la couture de ma chaussette droite
va à l'encontre du bien-être de mon petit orteil droit.
J'enlève ma chaussure droite.
J'ôte ma chaussette droite.

Je la repositionne tant bien que mal,
je fais très attention à cette satanée couture.
Je remets ma chaussure droite.

Je remarche, rien.
Je me sens soulagée
J'arrive même à oublier cette mésaventure.

Comme presque tous les soirs, je rentre chez moi à pied.
Deux kilomètres et demi qui me servent de soupape de décompression.
À moitié chemin, mon petit orteil m'a rapelé que
soit ma chaussette, soit ma chaussure, soit les deux
le faisait souffrir.

Froid

Ne vous asseyez pas
sur des sièges publics
en métal.

Mais non, je ne suis pas vieille, et même si je l'étais

Au travail, il y a un stagiaire qui,
dès qu'il a quelque chose à me demander,
m'appelle Môdame Cunégonde.

Je viens de recevoir la mise à jour
de mon compte retraite
(je ne savais pas que j'avais ce type de compte).
J'ai eu un choc, en plus ils m'ont perdu 6 ans de ma vie.
Je croyais que ma retraite, vu comme c'est parti,
ne pourrait être que dans longtemps.

Coïncidence

Ce matin, je trouve un porte-bonheur.
Ce soir, je me retrouve à la porte de chez moi.

Quand un fabricant de jouets manipule les enfants

J'ai joué avec ces jouets
quand j'étais enfant.
Je n'avais aucune idée,
à cet âge là de leur dangerosité.

Leur discours pour créer des besoins
est juste pernicieux.

Pour ma part, je ne jouerai plus
aux légos.

Accepter

Hier, une amie qui est sous oxygène
24 heures sous 24,
m'expliquait qu'elle en avait marre
de tout, de vivre.

Mon impuissance me fait peur.
Je sais que je n'ai qu'à accepter.

Service après-vente suite

Au mois d'octobre,
la sonde qui me sert à
calibrer l'écran de mon pc
ne fonctionnait plus.

Un ami m'en a prêté une.
Nous avons pu créer un profil icc,
mais je n'ai pas convaincu du résultat.

J'avais donc joint par mail
le SAV de cette marque.
Je savais pour avoir déjà correspondu
avec eux qu'ils n'étaient pas très compétents.

Après 4 mails, ils ont bien confirmé
le diagnostic de ma sonde,
à savoir : elle est bien en panne.
Je devais donc en acheter une autre,
mais laquelle ? Je pose cette question
au SAV de cette marque (que j'aime bien).

Ils m'ont fourni le lien vers un produit
qui n'était plus en stock !
J'ai contacté le service client,
j'avais gardé l'adresse mail de la personne
qui s'était occupée de moi
quand j'avais acheté mon écran,
pour leur demander conseil,
et savoir où acheter ma sonde.
Ils m'ont donné tous les renseignements
dont j'avais besoin.
Maintenant, mon écran est bien calibré.

Par oubli, je n'ai jamais clôturé
mon dossier SAV.
En regardant la liste de mes mails,
je remarque un mail venant de ce SAV.
Je l'ouvre, ils m'informaient que
le produit que je recherchais
était à nouveau disponible.

J'en étais ravie !

Le musée d'Orsay

C'est mon musée parisien préféré.
J'aime y aller.
Le bâtiment lui-même est magnifique.

J'avais lu que les travaux étaient finis.
J'y vais avec une amie et sa fille.
Déjà, l'ours bienveillant n'est plus là.
À mon grand soulagement,
nous l'avons retrouvé dans une salle,
presque perdue.

Les couleurs des salles sont géniales.
La lumière qui recouvre les toiles
les met en valeur.
Mais que le chemin pour voir
ces tableaux est tortueux.

Les bancs en verre sont splendides. Bien qu'il soit interdit de
photographier dans le musée,
je regrettais de ne pas avoir
d'appareil qui me laisse prendre
les reflets dans ces glaçons artificiels.

Mon sentiment sur cette visite
est très mitigé, et je suis à la fois
ravie et déçue.

Sercice après-vente

À part celui des émissions sur canal,
je vais finir par les avoir en horreur.

J'envoie mon smartphone
en réparation.
Il revient avec un impact sur l'écran,
et une rayure sur le dos.
À croire qu'ils travaillent
avec un marteau piqueur.

J'appelle le SAV qui
m'informe que je devais contacter
la société qui a effectué les réparations.
Chose faite, je devais
encore une fois me séparer
de mon smartphone.

Quelques jours plus tard,
une personne de cette entreprise
me téléphone parce que pour eux,
l'impact sur l'écran ne se voyait pas.
Je leur explique exactement où
il se trouve, la personne m'indique
qu'effectivement il (l'impact) était bien là,
et qu'ils allaient s'en charger.

Ravie, j'étais convaincue
de pouvoir rapidement récupérer mon jouet.
C'était sans compter sur
une certaine malhonnêteté.
Avant hier, je reçois un devis.
Je dois payer 149 € 50,
pour changer ce que je n'ai pas rayé.
Après des échanges téléphoniques
non cordiaux et très tendus avec
le responsable de l'atelier de cette entreprise.
Ils devraient me changer
tout ce qu'ils ont abimé.
Je n'y croirais que quand je l'aurai entre les mains.

Parasite

Hier, bien malgré moi,
j'écoutais une personne
qualifier de futurs grévistes
de parasites de la société.

Et de continuer en citant des avantages,
certainement faux
comme ils sont payés
quatre à cinq mille euros par mois
pour ne travailler que 12 à 15 heures.

Pourtant cet homme,
juste avant discutait avec sa fille
des loyers qu'il devait re-évaluer
dans ses différents immeubles.

Je trouvais ses propos révoltants et gratuits.
Cet homme à mes yeux est plus parasite
que ceux qui le sont pour lui.

Les riches,
ceux qui vivent sur le dos des autres,
sont eux qui se nourrissent des autres.

Titillation.3

« On ne les empêchera pas de croire,
et ils ne nous empêcheront pas de penser. »
Jean-Michel Ribes

Retraite

Tout compte fait, je ne comprends pas
pourquoi certains, dans l'audiovisuel,
ne seraient pas à la retraite
le plus tôt possible.

Je viens de voir que
Michel Drucker va revenir
à 20h30.

Racisme banal

« Il faut les soigner (les étrangers)
sinon ils vont nous contaminer.
La tuberculose qui remonte
c'est les gens de l'Est et les Africains,
faut pas croire. »

Je schématise mais...

si je vais pas bien dans ma tête
c'est que j'ai mal au ventre.
C'est un endocrinologue
qui m'a expliqué ça ce matin.

Elle

Je monte dans le bus, pour rentrer chez moi.
Je m’assois à côté une forme noire avachie sur elle même.
Elle lève la tête. Il s'agit d'une femme
sans âge ni cheveux blancs.
Une odeur d'alcool et de saleté me dérange.
Mais je n'ose aller m'installer plus loin.
Elle semble bien avec des gens à côté d'elle.
Je trouve que ce serait irrespectueux.

À l'arrêt suivant, des jeunes montent,
un se pose sur le siège à sa droite.
J'ai peur que ceux-ci l'importunent.
Non, celui à sa droite demande aux jeunes filles montées avec eux
des mouchoirs en papier.Il les lui donne, elle se mouche.
Elle nous parle, on ne l'entend pas. Je devine qu'elle veut des pièces.

Ma voisine lui tend deux euros
qu'elle a du mal à ranger dans sa poche.
La pièce tombe, elle la récupère non sans mal par terre.
Un son m'interpelle, elle s'adresse à moi, maintenant.
Une vague de tristesse et d'impuissance me submerge,
je suis au bord des larmes.

Je lui donne deux euros et deux tickets de métro
(pour qu'elle puisse au moins faire deux voyages,
sans être importunée par les contrôleurs).
Le bus stoppe, c'est mon arrêt.
Le chemin à pieds jusqu'à chez moi
me permet de calmer mes émotions.

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